FSER : De la liberté
à la dépendance

Comment l'État a transformé
un droit en aumône conditionnée

Par Radio Cause Commune -
Une analyse d'éducation populaire

Pourquoi cette page ?

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les radios associatives semblent de plus en plus fragiles ?

Derrière les débats techniques sur le « Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique » (FSER) se cache une transformation politique majeure que peu de gens comprennent vraiment. Cette page vous explique, étape par étape, comment un mécanisme de financement inconditionnel s'est transformé en un système de contrôle.

Comprendre l'enjeu en 30 secondes

Les radios associatives, qui étaient financées automatiquement par une taxe spécifique depuis 1982, doivent maintenant « mériter » leur financement en prouvant qu'elles sont de « bonnes » radios selon les critères de l'État. C'est comme si votre salaire devenait une prime au mérite décidée par votre patron chaque mois.

L'évolution du FSER

1981

La libération des ondes

François Mitterrand tient sa promesse : fin du monopole d'État sur la radio. Les ondes s'ouvrent aux initiatives citoyennes.

Impact : Explosion créative, des centaines de radios libres naissent partout en France.
1982

Création du FSER - L'équilibre du système

L'État crée un fonds financé par une taxe parafiscale automatique sur les sommes payées par les annonceurs pour la diffusion de messages publicitaires par voie de radiodiffusion sonore et de télévision.

Financement automatique, prévisible, indépendant des humeurs politiques. Ce mécanisme assurait une forme d'« autonomie » du dispositif vis-à-vis des arbitres budgétaires classiques.
2009

Le tournant Sarkozy

Suppression de la taxe affectée. Le FSER devient une ligne budgétaire classique, soumise aux arbitrages annuels de Bercy.

Conséquence : Perte d'autonomie financière, dépendance aux décisions politiques.
2015

La réforme « sélectivité » - L'État devient juge

Réforme visant à « renforcer la sélectivité des aides versées (...) et redéployer les financements vers les radios les plus actives en matière de communication sociale de proximité. »

Dérive : L'État devient juge de la qualité éditoriale et de l'utilité sociale des radios. Le glissement d'un mode d'attribution « automatique/inconditionnel » vers un mode conditionnel et sélectif menace l'indépendance éditoriale.
2024-2026

L'offensive finale

Tentatives de réduction drastique : -11 M€ en 2025, -19 M€ prévu pour 2026. Les syndicats négocient des « critères d'attribution » plutôt que de défendre le principe.

Trahison : Accepter la logique de sélection, c'est enterrer l'esprit de 1981.

Avant/Après : Ce qui a vraiment changé

Dépendance moyenne
40 % du budget annuel

du budget des radios associatives dépend du FSER

Budget 2025
35 M€
Après tentative de réduction de 11 M€

vs 44 M€ avec la taxe

PLF 2026
19 M€
soit 54 % du budget 2025

PLF 2026

Avant/Après : Ce qui a vraiment changé

Avant 2009 : Le système vertueux

  • Financement automatique via taxe dédiée
  • Prévisibilité : les radios peuvent planifier
  • Indépendance : pas de négociation avec l'État
  • Pluralisme garanti : toutes les radios éligibles financées
  • Logique de droit : « vous existez, vous recevez »

Après 2009 : La dépendance

  • Subvention négociable chaque année
  • Imprévisibilité : coupes budgétaires possibles
  • Dépendance : lobbying nécessaire
  • Sélection : « bonnes » vs « mauvaises » radios
  • Logique de mérite : « prouvez que vous le méritez »

Points d'attention pour les radios associatives

Calendrier et démarches

  • Vérifier annuellement les dates de dépôt (ex: 15 avril pour exploitation)
  • Suivre les évolutions des formulaires
  • Respecter les critères d'éligibilité (recettes commerciales < 20 %)
  • Maintenir programmation locale ≥ 4h entre 6h-minuit

Gestion administrative

  • Suivi rigoureux des justificatifs de dépenses
  • Conservation des pièces comptables
  • Documentation des actions de proximité
  • Préparation des évaluations qualitatives

Stratégie de résilience

  • Diversifier les sources de financement
  • Prévoir des plans "B" budgétaires
  • Renforcer l'autonomie technique
  • Documenter la mission sociale dans les statuts

Conclusion

Le FSER a historiquement été conçu comme un instrument de soutien au pluralisme radiophonique et à l'expression de proximité. Mais la transformation de son mode de financement, la réforme de 2015 renforçant la sélectivité sur la ligne budgetaire dédiée, et les pressions budgétaires récentes ont modifié la donne pour la partie "exploitation" du fonds.

Les radios associatives se retrouvent désormais dans un modèle où l'aide est moins « affectée » qu'auparavant, plus dépendante de « l'État-arbitre », et où la mission exige une formalisation plus forte.

Pour préserver l'esprit originel — la radio associative libre, de proximité, non-commerciale ou peu commerciale — il est essentiel de suivre de près l'évolution du FSER, de s'y inscrire activement, mais aussi de renforcer notre résilience financière et éditoriale.

La position de Cause Commune

Nous refusons cette dérive et exigeons :

Retour au financement automatique par taxe affectée

Fin de la logique de sélection des « bonnes » radios

Restauration du droit au financement pour toutes les radios associatives éligibles

Défense du pluralisme radiophonique contre l'uniformisation

Prochainement : Formation certifiante

« Des parfait·es auditeur·ices de radio libre »

Philippe BallardRapporteur RN de la mission Médias, livre et industries culturelles du projet de loi de finances veut sélectionner les « bonnes radios » ?
Nous, on forme les BON·NES auditeur·ices !

Module 1

FSER : L'histoire d'un hold-up

Comment Sarkozy a saboté le financement des radios libres

Module 2-? (à venir)

Décryptage médiatique

Palestine, laïcité, féminisme, écologie : démêler le vrai du faux

Fonctionnalités

Parcours gamifié avec quiz interactifs

Plateforme innovante développée par nos soins

Certificat humoristique de "bon·ne gauchiste certifié·e"

Éducation populaire sans concession

Informations

Lancement : Décembre 2025

Cette formation sera gratuite et accessible à tous·tes

Sources et références

Toutes les informations de cette page sont sourcées et vérifiables. Cliquez sur les liens pour accéder aux documents officiels :

Méthodologie

Cette analyse croise les sources officielles (Ministère de la Culture) avec les données des organismes professionnels (CNRA) et la presse spécialisée. Les chiffres cités sont vérifiables et actualisés. La dimension politique de l'analyse est assumée et transparente : nous défendons une vision du service public audiovisuel fondée sur le droit plutôt que sur la charité conditionnée.